Les effets de la flore intestinale sur l’obésité et le diabète de type 2

Et si votre flore intestinale vous prédestinait à l’obésité ou au diabète de type 2 ?

Nous allons aborder dans ce texte, le rôle du microbiote intestinal dans l’établissement de l’obésité et du diabète de type 2.

C’est assez difficile en fait de séparer les deux problématiques car elles sont à la fois distinctes et communes. Vous allez comprendre comment l’obésité peut entraîner le diabète de type 2.

Nous allons dans une premier temps introduire les sujets de l’obésité et du diabète indépandemment, pour les réunir au travers de la flore intestinale.

 

L’obésité : qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?

Si nous devions la définir l’obésité de façon intuitive, nous dirions que l’obésité se caractérise par un excès de poids qui peut avoir différentes conséquences en matière de santé.

En effet, l’obésité peut engendrer de nombreuses pathologies comme le diabète (tiens ! nous y voilà !), maladies cardiovasculaires ou neuro-dégénératives mais aussi de cancers.

En quelques mots, on ne meurt pas de l’obésité, mais des risques associés (comme pour le diabète).

Très bien, mais le poids, le surpoids et l’obésité, comment se définissent ils ? Il est vrai que la norme nous est imposé par la société, mais lorsqu’on ne peut plus lacer ses chaussures, c’est qu’il y a un réel problème, ne croyez vous pas ?

Alors un paramètre qui permet de définir de manière standard et harmonisée si la personne est obèse ou non est l’IMC (Index ou indice de Masse Corporelle).

Cet IMC est le ratio du poids en kilogramme par le carré de la taille de l’individu (exprimé donc en mètre carré).

Par exemple, Jean mesure 1,80 m et pèse 70 Kg. L’IMC = 70/(1,80×1,80)=21,6 Kg/m2

Si notre IMC est compris entre 25 et 29,9 Kg/m2 nous sommes en surpoids. Si cet IMC est supérieur à 30 Kg/m2 nous sommes obèse.

Vite, allez calculer votre IMC… ! Je sens que certains vont être plus attentifs que d’autres.

Savez-vous à combien l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime le nombre d’individus en surpoids ? c’est effarant ! Presque 2 Milliards d’individus sont considérés comme étant en surpoids, dont 350 Millions sont obèses ! Le taux d’obésité à plus que triplé en quelques décennies.

Rappelez-vous, voici quelques années, de merveilleux chercheurs ont trouvé le gène de l’obésité. C’est fantastique, car en fait quand on est en surpoids ou obèse, c’est une fatalité. On est atteint d’une maladie génétique. On n’est aucunement responsable… La télévision fait son travail en vous présentant les dernières découvertes scientifiques, mais les auditeurs prennent cela comme argent comptant. La science a dit et les médias ont confirmé. Donc j’ai une maladie génétique et je ne peux rien y faire. D’ailleurs, j’ai fait plein de régimes mais ça ne marche pas !

On va un peu remettre de l’ordre dans cette façon de voir l’obésité.

Le corps c’est comme un entonnoir : il y a une entrée et une sortie. Si je verse plus de liquide que ce qui peut en sortir, ca déborde. En clair, je grossis. Si je verse le liquide de sorte qu’il y ait un équilibre entre l’entrée et la sortie, je maintien mon poids. Donc si vous êtes en surpoids, c’est que vous avez de fortes chances de prendre trop de calories et/ou de ne pas assez vous dépenser. Je vous assure, si nous mangions correctement, il y aurait une chute vertigineuse de personnes obèses ou en surpoids. Le problème est souvent plus complexe car notre alimentation est tellement modifiée et raffinée que nous perturbons notre corps et notre métabolisme, ce qui emplifie les problèmes liés au poids. Sans parler du ravage que fait le sucre et tout le fructose absorbé (bien alimenté et entretenu sous couvert de résultats scientifiques par les lobbies agro-alimentaires).

Maintenant, il y a les autres, ceux qui réellement ont un gène muté, mais cela ne touche qu’une proportion infime de la population. Puis il y a ceux qui ont une mauvaise flore, soit de naissance, soit par modification environnementale de la flore intestinale par action de polluants ou d’antibiotiques par exemple. Mais nous allons voir tout cela au travers de la flore intestinale.

Le lien entre le diabète de type 2 et votre flore intestinale

Le diabète de type 2 ou diabète non insulino dépendant est le diabète qui touche 90% de la population des diabétiques.

Notre organisme reçoit quotidiennement des aliments, dont des glucides, des proteines et des graisses. C’est ce qui permet à notre corps de puiser l’énergie nécessaire à la vie. Tout est parfaitement régulé par de fameuses machineries très complexes. Un des mécanismes de régulation énergétique est la synthèse d’insuline par le pancréas. Lorsque nous absorbons des quantités de glucides ( sucres, céréales, pomme de terre…), notre pancréas sécrète une hormone, l’insuline. Cette dernière apporte une information à certains de nos tissus comme le foie, les muscles et le tissu adipeux et leur dit « laisser entrer le sucre ». Cela a pour conséquence la diminution du taux de sucre dans le sang. Notre glycémie est donc parfaite. Mais pour des raisons que nous aborderons dans un instant, l’insuline n’arrive pas toujours à se faire obéir et le sucre reste élévé. Pour compenser, le pancréas va augmenter la sécrétion d’insuline pour palier à cette non réponse (insulino-résistant). Puis le pancréas s’épuise après s’être hypertrophié. Bref, vous avez un diabète de type 2.

Pour faire un bref résumé on vous dit à la télévision, journaux en tous genre, que nous sommes touchés par une pandémie mondiale de diabète ! On nous présente cela comme une fatalité devant laquelle nous ne pouvons qu’être résignés.

Je ne sais pas vous, mais moi je ne l’accepte pas. Les raisons en sont simples et similaires à celles qui peuvent expliquer l’émergence des autres pathologies. Une maladie n’explose pas sans raison. Alors on peut nous bassiner avec les origines génétiques et autres….il est facile de trouver des coupables contre lesquels on ne peut rien.

Or dans le cadre du diabète de type 2,  il est évident que l’environnement a un impact certain. En effet, il est clairement établi que de nombreux polluants environnementaux tels que la dioxine, les PCB (plastifiants), hydrocarbures, particules diésel ou composés de la fumée de tabac ont un rôle dans la prédisposition au diabète de type 2. Au cours de nos travaux de recherches, nous avons même décrit le rôle de ces polluants dans l’augmentation de l’inflammation intestinale et surtout dans l’inhibition de synthèse d’une hormone intestinale (GLP-1) qui est fondamentale car elle régule la synthèse d’insuline !

A ce problème environnemental, s’ajoute bien entendu le problème alimentaire. Et ce n’est pas un petit problème ! Vous imaginez un peu les changements drastiques que l’industrie agro-alimentaire nous a imposé ? Et cela en quelques décennies à peine ? Comment voulez vous que notre flore s’adapte à un changement aussi radical d’alimentation et de surcroit à une inactivité physique qui lui est généralement associé ? Mais cela relèverait du miracle !

Bien sur, cette pathologie n’atteindrait pas ces records si notre flore avait eu le temps de s’adapter. Mais voilà, ce n’est pas le cas. De ce fait, il a été proposé que le changement de flore induit par nos habitudes alimentaires pouvait être un facteur clef à l’origine de l’obésité qui est responsable à son tour de 80% du diabète de type 2.

Alors la science essaie d’expliquer, confirmer ou infirmer telle ou telle autre hypothèse. Par exemple, nous savons que chez la souris il existe deux groupes bactériens prédominents que sont les bacteroidetes et les firmicutes. Figurez vous que chez des souris obèses par rapport aux souris « normales », les bacteroidetes se retrouve en minorité avec une chute de moitié de leur nombre total ! Par contre les firmicutes quant à eux sont en augmentation ! Le diagnostic est clair, chez les animaux obèses, la flore intestinale est déséquilibrée.

Remy Burcelin, spécialiste mondial du diabète de type 2, a démontré que lorsque des animaux sont soumis à des régimes riches en graisse il faut seulement attendre 4 semaines environ pour observer ces déséquilibres de flore intestinale. Le taux de bactéries Gram négatif (bacteroidetes) augmente parallèlement à une diminution de bactéries Gram positif (Lactobacillus spp., Bifidobacterium spp.).

Nous allons nous enfoncer un peu plus dans la mécanistique. Vous allez voir, c’est passionnant ! Parallèlement à cette modification de la flore intestinale, il avait été démontré que le diabète de type 2 avait une composante inflammatoire…..C’est à dire qu’une inflammation chronique à bas bruit était une des origines de la pathologie.

Oui, mais alors quel lien avec la flore me direz vous ?

Et bien c’est simple…..Ces fameuses bactéries Gram négatif sont en fait néfastes car sont inflammatogènes ! Ces bactéries possèdent sur leur paroi (leur manteau si vous préférez) des molécules de LPS (LipoPolySaccharides). Comme l’intestin est inflammé à cause du régime gras, et de la prolifération de mauvaises bactéries, les jonctions sérrées qui sont en fait les garantes de l’étanchéitée intestinale font défaut ! De ce fait les molécules de LPS passe au travers de l’intestin qui devient une passoire et partent dans la circulation générale ! Et là rencontre du troisième type avec notre système immunitaire qui en réponse déclanche des réactions inflammatoires !

Oui mais là je n’ai pas compris le lien avec le diabète me direz vous encore !

Et bien l’insuline qui est sécrétée par notre pancréas pour faire entrer le sucre en excès du sang vers les tissus (foie, tissu adipeux et muscle) fonctionne mal car l’inflammation interfère avec elle. De ce fait on devient insulino-résistant !

Vous voyez ! C’est simple ! Vous avez tout compris.

Je mange mal, ma flore change et crée une inflammation qui empêche mon insuline de bien travailler ! Le tour est joué, je deviens diabètique  de type 2 !

Les analyses des microbiotes de souris et d’Homme indiquent qu’ils sont semblables au niveau des phyla. Et quand on analyse la flore intestinale de sujets humains obèses, là aussi on remarque une augmentation de la population de bacteroidetes par rapport à des sujets minces. Même le rapport Firmicutes (bifidobacteries) / Bacteroidetes est changé en faveur des Bacteroidetes chez des sujets en surpoids et obèses.

Je vous parle de mauvaises bactéries, mais sachez que les bifidobactéries sont en plus grand nombre chez les sujets présentant un poids normal par rapport à des sujets obèses. Ceci est vrai aussi chez des enfants de poids normal à 7 ans par rapport à des enfants obèses !

Comme vous le savez, l’obésité conduit au diabète….alors ce que nous disons pour l’un est vrai pour l’autre ! D’ailleurs les firmicutes (bifidobactéries) sont en diminution alors que les bacteroidetes augmentent chez les sujets qui ont un diabète de type 2.

Pour finir de vous convaincre sachez qu’une expérience menée en 2008 a démontré clairement que la flore intestinale est liée au diabète et à l’obésité. Imaginez trois lots de souris : un lot rendu obèse par un régime riche en graisses. Un deuxième lot de souris normales nourries avec un régime standard. Enfin un troisème groupe composé de souris normales que vous avez traité avec des antibiotiques et antifungiques afin d’éliminer toute leur flore intestinale, souris dites axéniques.

Vous commencez à comprendre où je veux en venir…on récupère la flore intestinale des souris obèses et normales et on l’utilise pour coloniser les souris axéniques. Résultat : les souris axéniques colonisées avec la flore des souris obèses deviennent obèses. En clair, la flore transfère l’obésité. 

Donc dis moi quelle est ta flore, je te dirai si tu es obèse ou diabètique !